L’équitation française, un patrimoine vivant, et pour vous Arnaud Jeannin ?
Arnaud Jeannin est enseignant d’hippologie-équitation, coordonnateur de formation, auteur d’ouvrages équestres et Expert Fédéral
– Quel est votre parcours équestre ?
J’ai eu la chance de pratiquer l’équitation depuis mon plus jeune âge, car mon père était enseignant d’équitation. Au départ, il m’a un peu forcé car j’avais de nombreuses appréhensions. Dès l’âge de 6 ans, il a décidé de me mettre à l’attelage ce qui m’a permis de me rassurer. En contrepartie, je devais élargir mes compétences et apprendre à dresser mon poney pour cette discipline par le travail monté. J’ai ainsi pu bénéficier d’un enseignement « à l’ancienne » qui m’a aidé à acquérir des bases solides.
Après de belles expériences dans cette discipline pendant plusieurs années et avec davantage de confiance en moi, j’ai pu m’orienter vers une autre discipline dans laquelle j’ai pris énormément de plaisir, le concours complet. J’ai débuté sur des épreuves Club, puis jeunes chevaux jusqu’à atteindre le niveau International. Ces années m’ont appris à former et préparer des chevaux, ainsi qu’à prendre conscience de l’organisation globale du travail d’un cheval. En parallèle, j’ai poursuivi mes études (BTS agricole, Licence Commerce de Produits Equins, monitorat) qui m’ont apporté ouverture d’esprit et m’ont permis de rencontrer de nombreux acteurs de la filière.
Après quelques années de compétition, j’ai décidé de me consacrer davantage à l’enseignement et la formation en intégrant notamment un Lycée Agricole, où je peux partager mes expériences et accompagner des jeunes dans leur progression équestre, ainsi que leur projet professionnel. Etant passionné par cette notion de transmission, j’ai souhaité me lancer dans l’écriture de livres techniques (« Guide du travail du cheval », « Préparation physique des cavaliers » et « Optimiser ses performances équestres ») afin d’aider les cavaliers dans le travail de leurs chevaux et leur préparation physique.
– Quels sont les principaux principes qui guident votre pratique ?
Le premier principe qui me semble essentiel est de revenir aux bases et de les approfondir en permanence. Cela me semble primordial pour pratiquer une équitation juste. Une des citations qui me guide au quotidien reste « L’art équestre commence par la perfection des choses simples » de Nuno Oliveira. Même si cela semble évident, je trouve qu’il est toujours difficile d’accepter de rester sur des principes simples. Dans la société actuelle, on recherche un résultat toujours plus rapide mais rester sur ces notions de bases nous apprend à être patient pour ressentir les effets positifs. On ne peut pas construire une maison sans avoir de fondation solide, c’est la même chose avec un cheval.
L’amour et le respect du cheval. Pour s’adapter au mieux, je suis persuadé qu’il est important d’observer et de chercher à comprendre le comportement et le fonctionnement du cheval, que ce soit dans son état naturel ou dans les différentes situations de travail (à pied et monté). Il ne faut pas oublier que les chevaux restent des êtres vivants avec leurs particularités et je pense qu’il n’existe pas une seule méthode, mais qu’en tant que cavalier, nous devons apprendre à nous adapter pour proposer des situations les plus cohérentes possibles avec les besoins et objectifs fixés pour chaque cheval. Pour rester dans le respect du cheval, le travail doit prendre en considération le bien-être physique et mental.
Faire preuve d’humilité et d’assiduité. Le but ultime, quel que soit le type de pratique, est de rechercher la facilité dans la pratique équestre (équilibre et légèreté). Dans cette optique, il me semble essentiel d’être capable de structurer parfaitement sa progression, en étant clair sur son niveau de départ et sur l’objectif souhaité. Cette vision permet ensuite de planifier des séances et même si la progression sera faite de réussite et d’échec, il est indispensable de toujours conserver une ligne de conduite. Les changements trop fréquents d’objectifs ne faciliteront jamais la compréhension pour le cheval. Je pense qu’il faut savoir s’appuyer sur ses qualités, et de chercher des solutions face aux difficultés rencontrées.
– Quels sont les 3 conseils que vous donneriez aux autres pratiquants ?
– Apprendre à prendre plaisir avec des choses simples. La notion de plaisir est essentielle et un cavalier qui saura prendre plaisir, le communiquera plus facilement à son cheval qui pourra également prendre plaisir dans les situations que vous lui proposerez
– Savoir se remettre en question : pour qu’une progression soit possible, il faut apprendre à définir ses objectifs, les critères de réussite afin d’analyser ses sensations. Je pense que le pratiquant doit être au cœur de sa progression et que même si les conseils d’un enseignant sont essentiels, il doit aussi apprendre à analyser son travail et son ressenti en identifiant des points forts/points à améliorer à chacune de ses séances pour faciliter son avancée dans son histoire équestre.
– Ne pas rester focalisé que sur des perfectionnements techniques. La pratique équestre quel que soit le niveau doit à mon avis, intégrer de la préparation physique et mentale qui sont des clés de la réussite. S’intéresser à ces outils, permet de mieux identifier certains blocages et de trouver des solutions face à certaines difficultés parfois récurrentes qui vont faciliter la performance.


