L’équitation française, un patrimoine vivant, et pour vous Julie Dudragne ?
Julie Dudragne est écuyère Bauchériste et présidente du Cercle Bauchériste de Bourgogne
– Quel est votre parcours équestre ?
Mon parcours équestre est très classique et très ancré dans la pratique des années 80/90 : Cavalière de club dans un poney club dès mes 6 ans , je passe très vite à cheval et passe les galops tout en faisant quelques compétitions de CSO.
Cependant très tôt, la lecture d’ouvrages dédiés à l’équitation me passionne. C’est ainsi que vers 14 ans je lis la Méthode d’équitation de François Baucher et des livres de Nuno Oliveira. Ma pratique sera influencée par ces lectures et me poussera très vite à chercher « autre chose », le mot Légèreté devient alors un Graal. Internet en était à son balbutiement, sur mon secteur géographique très peu de cavaliers pratiquaient une équitation légère, dans les principes de l’école française : j’étais donc très isolée et seule la lecture d’ouvrages anciens me permit d’approfondir mes recherches et ma quête de légèreté. Une correspondance très poussée avec un passionné d’ Étienne Beudant me conforta sur la voie du Bauchérisme : ce chemin m’apportait une satisfaction éthique, intellectuelle et artistique. Dans la pratique, la confrontation quotidienne avec des chevaux difficiles me décida définitivement à me tourner vers l’école de Baucher.
Ce choix fut à double tranchant : très vite je me suis rendue compte que les Bauchéristes étaient « les poètes maudits de cet art » et je subissais malgré moi les a priori négatifs qui poursuivent les Bauchéristes depuis deux cents ans, m’isolant énormément des autres cavaliers. Pourtant cela ne pesa pas lourd dans la satisfaction équestre que m’apporte encore aujourd’hui la pratique dans la philosophie Bauchériste : un dialogue incessant avec le cheval par des aides devenues langage, une collaboration sereine, bref la poésie de tout cela.
– Quels sont les principaux principes qui guident votre pratique ?
Être toujours à l’écoute de mon cheval et avancer lentement en assurant chacun de mes pas. « Demander souvent, se contenter de peu et récompenser beaucoup » de Faverot de Kerbrech et « Le Préparer est tout » de Beudant sont des principes qui définissent très bien ma pratique équestre. Le « Préparer » est cette phase plus ou moins longue où l’on prépare le physique et le moral du cheval pour qu’il devienne un compagnon agréable et fiable, quelle que soit notre discipline de prédilection. Et bien sûr : la recherche de la légèreté, état de décontraction physique du cheval qui transforme l’équitation en communion avec notre monture.
– 4 conseils que vous donneriez aux autres pratiquants ?
– Être méthodique et consciencieux ; l’éducation du cheval est une affaire de temps, de travail et de patience. Il faut éviter de butiner de droite à gauche et garder un axe de travail.
– Garder son esprit critique, internet aujourd’hui offre des méthodes miracles mais rien ne remplace le travail. J’aime beaucoup cette phrase d’Alexis Gruss : « L’art c’est le travail effacé par le travail ».
– Lire beaucoup ! Nuno Oliveira disait : « il faut monter beaucoup tout en ne laissant pas les livres se couvrir de poussière sur les étagères ».
– Et comme écrivait Baucher : « élever votre intelligence au-dessus de la ruine des préjugés » (Méthode d’équitation,1842).


