L’équitation française, un patrimoine vivant, et pour vous Jean-Claude Barry ?

L’équitation française, un patrimoine vivant, et pour vous Jean-Claude Barry ?

Jean-Claude Barry est ancien écuyer du Cadre noir.

 

– Quel est votre parcours équestre ?

J’ai commencé ma carrière d’enseignant d’ équitation au Club Hippique de Toulouse en 1978. Après m’être engagé au titre de l’ École de Cavalerie de Saumur, j’ai rejoint le Centre Sportif d’Equitation Militaire de Fontainebleau en 1982 puis l’ École Nationale d’Equitation de Saumur en 1983.

Écuyer de son Cadre noir, j’ai passé plus de dix-sept ans en son sein. Je m’y suis consacré pendant de nombreuses années à la pratique et à l’enseignement équestre dans les trois disciplines olympiques, avant de me spécialiser en dressage et dans les activités du manège. J’ai ainsi dressé et présenté de nombreux chevaux lors des galas en participant à la reprise de manège, à celle des sauteurs et à de nombreux tableaux.

J’ai aussi contribué à des ouvrages collectifs, rédigé des articles et écrit quatre livres publiés en France : « Dressage du cheval aux piliers », paru en 1997 aux éditions Tep’s, « Traité des airs relevés », paru en 2005 aux éditions Belin, « Le travail à la main selon l’École française » et « Équitation Française, principes et méthode illustrés » parus en 2014 et 2017 aux éditions Lavauzelle.

J’ai également témoigné de mon expérience équestre dans le tome II « Les Passeurs », retranscription de la mémoire orale des écuyers du Cadre noir édité par l’IFCE en 2020.

Actuellement, je m’attache à sensibiliser les cavaliers et à expliquer la « manière française » en équitation lors des stages que j’anime en France et à l’étranger.

 

– Quels sont les principaux principes qui guident votre pratique ?

J’essaie de ne pas me départir de ces neuf règles simples issues de notre patrimoine équestre :

– Ne jamais commencer un travail sans s’être fixé de but,

– Aller du connu vers l’inconnu, du simple au composé,

– Employer les mêmes effets pour obtenir les mêmes résultats,

– Précéder l’action par la position (ce qui est vrai pour le cavalier comme pour le cheval),

– Ne jamais combattre deux résistances à la fois,

– Se contenter de peu, redemander souvent, récompenser beaucoup,

– Se faire comprendre et laisser faire,

– Ne rien solliciter d’un cheval qui vibre encore d’une exigence précédente,

– Demander le nouveau à la fin du travail.

A laquelle j’ajoute une dixième issue de ma propre expérience :

– Aborder la séance avec humilité; il n’y a pas de vérité absolue en équitation, elle n’est ni une science exacte ni un art abouti…

 

– Les conseils que vous donneriez aux autres pratiquants ?

Toute séance d’équitation doit respecter la règle des trois « R » : Raisonnée, Raisonnable, Régulière

– Raisonnée : car avant tout travail, le cavalier doit savoir ce qu’il veut faire, le but et l’objectif à atteindre, les moyens à employer pour y arriver. Il doit donc se questionner ; suis-je en capacité technique d’envisager ce travail avec sérénité, avec succès.

Il faut intégrer que toute action du cavalier est un acte de dressage, bon ou mauvais et qu’il faut être en capacité d’obtenir un résultat, si infime soit-il. C’est pourquoi savoir s’évaluer, faire une introspection à la fin d’une séance est la marque de « l’homme ou de la femme de cheval ».

– Raisonnable : il est évident que l’intensité et la durée des séances doivent être adaptées aux capacités et au niveau de dressage du cheval. Mais tous les chevaux sont capables de travailler vers le rassembler.

Encore faut-il être patient, prendre le temps, celui du cheval n’est pas celui de notre société, où tout doit aller vite et être obtenu immédiatement. Le cheval a besoin de séances courtes, peu intenses pour pouvoir bien assimiler.

Je suis persuadé que nous les travaillons trop et trop longtemps de façon générale, mais que nous sommes aussi trop exigeants. Le cheval a des limites physiques et psychologiques qu’il faut évaluer afin de ne pas le blaser, et surtout pour éviter d’aller jusqu’aux résistances, voire aux défenses.

Cependant, si un conflit s’engage, il faut pouvoir en sortir vainqueur. C’est pourquoi, il faut être pondéré dans ses demandes et mesuré dans ses exigences pour s’adresser à la compréhension du cheval ; un cheval vaincu n’est jamais convaincu.

– Régulier : pour apprendre, progresser ou tout simplement se maintenir en condition, le cheval a besoin d’une activité régulière. Il doit être capable physiquement et mentalement d’appréhender le travail. De même, la fréquence des leçons, la répétition d’un exercice, d’un geste, en particulier lors de l’apprentissage sont une des clés du dressage.

C’est en se basant sur le principe d’association que les exercices répétés, immédiatement suivis de récompenses en cas d’obéissance, ou sanctionnés en cas de refus, aboutissent peu à peu à ce langage conventionnel établi entre le dresseur et le cheval que nous appelons équitation.

 

Jean-Claude Barry et Emir à la Courbette.