L’équitation française, un patrimoine vivant, et pour vous Bernard Maurel ?
Bernard Maurel est (entre autres) instructeur et juge officiel de dressage pour la FEI
– Quel est votre parcours équestre ?
Je monte à cheval depuis l’âge de 9 ans. J’ai fait des compétitions en dressage, saut d’obstacles et concours complet jusqu’en 1983 et participé à de nombreux concours étudiants en Europe. Moniteur d’équitation en 1972 et Instructeur en 1976, je suis aussi éleveur et propriétaire de chevaux de sport jusqu’en 2018 et entraineur épisodique.
Spécialisé dans le coaching en dressage depuis 2012, je suis expert fédéral en dressage depuis 2019, juge officiel de dressage pour la FEI depuis 1989 jusqu’au niveau olympique (Atlanta 1996) et championnats du Monde (Aix la Chapelle 2006), formateur de juges et d’entraineurs. Je continue à juger régulièrement au niveau national et international dans de nombreux pays.
Employé par le Ministère de l’Agriculture à partir de 1976 aux Haras Nationaux (en dernier le célèbre Haras du Pin en Normandie de 2000 à 2005) puis à l’IFCE (Institut Français du Cheval et de l’Equitation), mon dernier poste se déroulait au département Documentation et Patrimoine Équestre du Cadre noir de Saumur. Retraité en novembre 2019.
– Quels sont les principaux principes qui guident votre pratique ?
Le principe le plus classique « Calme, en avant, droit » (dans cet ordre) me suffit : il a l’immense avantage de reprendre l’échelle de progression de la Fédération Equestre Internationale, reconnue dans le monde entier. L’étape essentielle du « calme » y est détaillée en « rythme correct des allures », « souplesse et décontraction » et « mise sur la main ».
L’étape « en avant » correspond au développement de l’impulsion, non pas l’envie naturelle du jeune cheval de se détendre et de bouger, mais l’impulsion « mouvement en avant soumis à la discipline exacte des aides et exploité en vue du but à atteindre » (« Manuel d’équitation », FFSE, 1966), c’est-à-dire un accord physique et mental : le cheval en confiance passe même là où il n’aurait pas voulu aller, et dépense son énergie musculaire même s’il y a effort car il est en harmonie avec son cavalier.
L’étape « rectitude », même si on y pense dès le début du travail, vient ensuite : « L’homme de cheval, avec toute la perfection de son art, passe sa vie à corriger cette imperfection (D’Auvergne XVIIIe siècle). Le rassembler et la légèreté sont des objectifs complémentaires qui demandent des bases solides et un tact équestre qui n’est pas donné à tous.
– 3 conseils que vous donneriez aux autres pratiquants ?
3 conseils vécus, et donnés de vive voix par de célèbres hommes de cheval. Le premier est très simple : « Ne tirez pas » (« il faut être deux pour tirer ! – Jean de Laurière 1981 après un cross).
« Allez plus avec votre cheval » (même si pour le dresser il faut « un peu le contrarier, mais pas beaucoup à la fois, et surtout sans qu’il s’en rende compte (Général Chevallier après un parcours d’extérieur 1983) ».
« Le secret de l’appuyer c’est d’avancer et de garder votre cheval en ligne » (Georg Theodorescu lors d’un entrainement dressage 1994) : que ce soit pour dresser ou pour sauter, c’est la seule voie pour ne pas perturber la biomécanique du cheval et conserver son harmonie sur les plans physiques et psychiques.


